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CCI Paris Ile de France

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Publié le 19 janvier 2022

Former au français le personnel d’une usine au Maroc

Entretien avec Driss Laidoudi, lauréat 2021 du Diplôme de Didactique du Français sur Objectifs Spécifiques (DDIFOS)

Après avoir été professeur de français pendant plus de 16 ans, Driss Laidoudi occupe désormais le poste de chef de service des affaires pédagogiques à la Direction Provinciale de Larache. Il est aussi professeur de français à mi-temps auprès de l’Institut français de Tétouan, Antenne de Larache.

Il nous fait découvrir sa méthode d’apprentissage basée sur l’écrit à travers son projet pédagogique : « Former en français des affaires les employés d’une usine de conserves de poissons ».

Qu’est-ce qui vous passionne dans le métier de professeur de français ? 

Orienté et encouragé par mon père, j’ai choisi le métier de professeur de français. Cette profession, je la considère comme une mission noble et passionnante malgré son exigence.    

L’enseignement des langues me passionne en général et de la langue française en particulier, à travers l’enseignement de cette langue on inculque les valeurs universelles, la culture et on consolide les compétences de vie et de citoyenneté.   

Quelle est la place du français professionnel au Maroc ?

Au Maroc, le français occupe la première place parmi les langues étrangères dans le système scolaire. Dans le monde des affaires, son emploi y est incontournable, et ce pour plusieurs raisons. Son importance est assurée par les échanges économiques avec le premier partenaire du Maroc qui est la France.

Le français pour nombre d’entreprises revêt le statut de langue de communication tant à l’écrit qu’à l’oral. Les entreprises utilisent le français de façon incontournable pour communiquer, travailler, collaborer avec les autres entreprises, les opérateurs et les services privés et publics.

Son utilisation est même une obligation pour tout échange avec les autorités, l’administration publique et le marché marocain. On note que les textes législatifs, règlementaires qui gèrent les relations et les conflits entre les entreprises sont en français.

Pouvez-vous nous présenter votre projet ?

Dans le cadre du DDIFOS, j’ai proposé un projet de formation des employés au service achats, administratif et des ressources humaines pour une usine de conserves de poissons située à Larache au Maroc.

Larache est une ville portuaire au nord du Maroc qui développe pleinement l’activité de conserve de poisson, 3e industrie exportatrice dans le pays. De nombreuses entreprises dans le domaine de la pêche y sont implantées. Parmi ces dernières, l’usine qui m’a servi d’exemple emploie plus de 2000 salariés.

Cette entreprise utilise le français parmi d’autres langues de communication que sont l’arabe, langue officielle du Maroc, et l’espagnol, langue de travail de cette entreprise dont le siège se situe en Espagne.

Au travers une formation au français, les responsables de l’usine souhaitent améliorer la communication de son personnel en interne, aussi bien aux niveaux horizontal que vertical, et renforcer ses compétences à communiquer en français avec des partenaires francophones.

Les employés sortis de leurs études au niveau scolaire (entre le collège et le lycée) n’ont pas eu l’occasion de parfaire leur maîtrise de la langue française estimée entre un niveau A1 et B1. En se formant, la communication en français au sein de l’entreprise et vers les partenaires serait ainsi rendue plus fluide.

Quels sont vos objectifs de formation ?

Mes premières hypothèses centrent donc le besoin de français autour des tâches professionnelles suivantes qui appellent uniquement la compétence écrite

– assurer la qualité de la communication horizontale entre les ouvriers et verticale entre les ouvriers et leurs supérieurs
– traiter les réclamations et gérer les conflits
– suivre et analyser les résultats et les indicateurs de production
– communiquer au gérant de l’usine des bilans sur les activités de production
– organiser les plannings et adapter le temps de travail 
– échanger avec clarté avec les partenaires francophones

Les tâches professionnelles réalisées à l’oral le sont, quant à elles, en arabe, et rarement en espagnol. À l’oral, c’est l’arabe qui domine au sein de l’entreprise.

Quelle pédagogie avez-vous proposé pour la formation de vos apprenants ?

Ma tâche finale est de rédiger le procès-verbal d’une réunion. Afin de réaliser cette tâche, je trouve que l’approche actionnelle est la plus adéquate pour une telle tâche. Les apprenants doivent être auteurs de leurs apprentissages durant toutes les activités de ce projet FOS.

Les ressources utilisées sont des textes de la société directement (réclamation, PV, etc.), documents internes à l’entreprise en enlevant ce qui est confidentiel (signature, tarif, etc.). Par exemple, un texte PV issu lors de la COVID-19 qui instaurait les protocoles sanitaires au sein de l’entreprise.

Quels ont été les principaux défis dans la mise en place de votre projet ?

La mise en pratique reste mon défi majeur car il me faut susciter l’intérêt des apprenants à suivre cette formation. Il faut également que je m’adapte à leur quotidien professionnel : cela demande des modifications, des réajustements selon les besoins et le niveau de chaque groupe.

Mais les apprenants sont très motivés car ils peuvent obtenir une meilleure position au sein de l’entreprise, la connaissance du français étant encouragée par l’entreprise.

Quels sont les prochains projets que vous souhaitez développer ?

Le français est la première langue étrangère au Maroc, tous mes projets sont donc axés sur la formation de FLE, FOS et FOU. L’utilisation de la langue française dans le domaine professionnel exige des formations académiques bien constituées et bien élaborées. La continuité de tout projet est liée à la qualité et la pertinence dont peut jouir la formation.

Il y a un besoin constant de formation de français professionnel à Casablanca et Tanger dans les zones industrielles, où de nombreuses entreprises européennes sont installées. Par exemple, je travaille actuellement avec une entreprise portugaise dans le domaine des arômes qui souhaite également former ses employés.

 

~ Propos recueillis par Clémence Phelippeau


Dossier DDIFOS tutoré par Alexandra Crendal

Titre du dossier

Former au français le personnel d’une usine de conserves de poissons à Larache, Maroc

Domaine

Industrie agro-alimentaire

Secteur Transformation des produits halieutiques
Métier(s) concerné(s) Services achats, administratifs, ressources humaines
Objectif général de la formation envisagée

Être capable de réaliser en français les tâches professionnelles suivantes :

  • assurer une qualité de la communication entre les ouvrièr(e)s d’une manière horizontale et entre les ouvrièr(e)s et leurs supérieurs d’une manière verticale au sein de l’usine ;
  • gérer les conflits et traiter les réclamations ;
  • suivre et analyser les résultats et les indicateurs de production ;
  • communiquer des bilans sur les activités de production au gérant de l’usine ;
  • organiser les plannings et adapter le temps de travail ;
  • échanger, avec clarté, avec les partenaires francophones.
Public Professionnels : le personnel de l’usine
Niveau d’entrée A2
Durée totale de la formation envisagée 30 heures sur 2 mois