RFI – Chronique Le conseil santé du 13 septembre 2023, « Alimentation des enfants : comment prévenir les carences ? »
Caroline Paré :
Professeur Patrick Tounian, bonjour.
Pr Patrick Tounian :
Bonjour.
Caroline Paré :
Vous êtes pédiatre, chef du service de Nutrition et Gastroentérologie pédiatriques à l’Hôpital Trousseau à Paris. Chez l’enfant, quelles sont les carences à prévenir en tout premier lieu par le biais d’une alimentation équilibrée ?
Pr Patrick Tounian :
Alors, c’est très important cette question. La principale carence, c’est la carence en fer. Pour l’éviter, il faut que les enfants allaités au-delà de six mois soient supplémentés en fer, puis qu’ils boivent, s’ils ne sont plus allaités, 700 millilitres par jour au moins de lait deuxième âge, puis du lait de croissance jusqu’à trois à six ans, âge à partir duquel ils devront consommer deux produits carnés par jour.
Caroline Paré :
Alors vous dites deux produits carnés par jour, aujourd’hui on entend beaucoup de choses bien évidemment, un apport en protéines animales, on dit « il faut manger moins de viande ». Ce conseil, est-ce qu’il vaut pour les enfants ?
Pr Patrick Tounian :
Alors d’abord, c’est un conseil que je ne partage pas, premièrement, y compris notamment chez les femmes, et, deuxièmement, la Société française de pédiatrie recommande deux portions carnées par jour, c’est-à-dire que c’est pas du tout une recommandation scientifique, mais pour moi, purement idéologique, en tout cas pour l’enfant.
Caroline Paré :
Ça veut dire que si cet enfant n’a pas cet apport, on va dire, en protéines animales, il risque effectivement des carences, en fer notamment.
Pr Patrick Tounian :
Alors, il (ne) risque qu’une carence en fer, pas en protéines d’ailleurs, et c’est la carence la plus fréquente. Un enfant sur trois, un adolescent sur trois est carencé en fer, essentiellement parce qu’il ne consomme pas assez de viande.
Caroline Paré :
Avec quels risques ?
Pr Patrick Tounian :
Avec le risque d’avoir une anémie, donc fatigue, difficultés scolaires, une augmentation du risque infectieux et surtout des troubles neuropsychiatriques. Pour être très concret, il est moins intelligent qu’il ne devrait être. Cela donne des déficits cognitifs très relatifs hein, mais il travaille moins bien à l’école et certains troubles notamment l’hyperactivité, les tics, l’anxiété, la dépression, peuvent être dus à une carence en fer et sont corrigés après (une) supplémentation.