RFI – Chronique Afrique économie du 25 avril 2016, « Comment financer les PME et les micro-entreprises ? »
Aabla Jounaïdi : La banque africaine de développement le souligne année après année dans ses rapports : le secteur des PME sur le continent est crucial pour sa croissance. Certaines sont dirigées par des femmes, des jeunes, et elles contribuent pour plus de 45% à l’emploi. Problème : les prêts octroyés par les banques dépassent rarement une année. Difficile dans ces conditions de se développer. Edo Kossi Amenounvé, directeur général de la BRVM, Bourse Régionale des Valeurs Mobilières d’Afrique de l’ouest, s’est donné comme défi d’attirer l’épargne locale et régionale vers cette catégorie d’entreprise.
Edo Kossi Amenounvé : Les PME ne sont pas toujours prêtes à directement accéder à un marché, à solliciter l’épargne publique et avoir la confiance des investisseurs. Il faut les préparer : d’abord en fédérant autour de l’idée de la création d’un compartiment des PME et des partenaires pour créer un fonds d’accompagnement des PME, un fonds de soutien à l’introduction en bourse, qui puisse dans quelques années avoir à accompagner un certain nombre d’entreprises qui pourraient, dans un horizon de 3 ans, 5 ans, accéder à la BRVM.
Aabla Jounaïdi : Que le marché ne soit pas déjà un secteur de financement dans plusieurs secteurs n’étonne guère le Tunisien Khaled Zribi qui dirige la bourse de Tunis, 79 sociétés cotées. Il compte sur les réformes à venir en Tunisie pour insuffler une culture boursière dans ce pays en transition.
Khaled Zribi : Le premier des remèdes, le plus important, c’est la volonté politique d’inscrire le marché de capitaux dans la stratégie de financement d’une économie. Dans nos pays, les marchés de capitaux n’ont jamais été considérés comme étant une alternative au financement bancaire. Vous avez des Télécoms, vous avez l’agriculture, le tourisme, c’est des secteurs qui sont totalement absents de la bourse de Tunis par exemple.
Aabla Jounaïdi : Même si les PME parvenaient à accéder aux ressources financières à travers les marchés de capitaux, les banques seront toujours incontournables, explique Cathia Lawson-Hall, banquier conseil Afrique à la Société Générale.
Cathia Lawson-Hall : Ben déjà, on va accompagner les entreprises pour les emmener sur le marché, on les connaît, on travaille avec elles depuis très longtemps et nous, on va faire une sorte de lien entre les entreprises et les investisseurs du marché. En plus, on va animer le marché, on va apporter une sorte de…on va apporter de la liquidité, de la fluidité sur le marché par nos activités de trading et par tout un tas d’activités qu’on fait et aussi par les nouveaux produits qu’on met sur les marchés.
Aabla Jounaïdi : Entre faiblesse des dépôts et absence de garantie acceptable, deux tiers des PME africaines peinent à accéder à un financement bancaire sur le long terme.