RFI – Chronique Atelier des médias, Interview de Gaël Musquet
De 1’14 à 1’47 et de 2’37 à 4’39
Le journaliste : Bonjour Gaël Musquet.
Gaël Musquet : Bonjour.
Le journaliste : Vous êtes un hacker français, expert en gestion des catastrophes naturelles grâce aux moyens numériques et le ministère français de l’Économie et des Finances va bientôt vous remettre l’étoile de l’Ordre National du Mérite. En gros, vous allez être chevalier. Cette décoration récompense ceux à qui l’on doit des mérites rendus à la France, qu’ils soient civils ou militaires.
Alors, on va rappeler que vous êtes à l’origine de l’association humanitaire HANDS, « Hackers Against Natural Disasters », les hackers contre les catastrophes naturelles et alors je disais que vous êtes un hacker mais vous vous qualifiez de « hacker gentil ». Qu’est-ce que ça veut dire ?
Gaël Musquet : « Hacker éthique », « hacker gentil », euh, comme je dis souvent avec humour parce qu’on parle malheureusement que des méchants (rires du journaliste),voilà ! Le hacker est avant tout quelqu’un bien intentionné et on parle malheureusement que des personnes mal intentionnées. Hacker c’est douter, c’est détourner un système de son usage premier, donc ça c’est la définition, euh, générique on va dire. On va essayer de comprendre comment fonctionne des systèmes pour les améliorer, les rendre plus sûrs ou les faire fonctionner autrement. Il y a une autre définition qui est celle de Keren Elazari qui est une femme hacker justement qui disait que le hacker est le système immunitaire de l’Internet. Et j’aime beaucoup cette définition parce qu’on a besoin en fait de personnes qui doutent, qui vont remettre en cause, remettre en doute en fait, un système informatique, un système technique, parce qu’on n’est pas béat devant l’innovation. Il faut des personnes qui anticipent aussi quelles vont être les vulnérabilités induites par le
progrès technique.
Le journaliste : Si on essaie de rembobiner un petit peu, euh vous dans votre enfance, vous avez été sinistré de l’ouragan Hugo, en Guadeloupe, en 89. Est-ce que c’est là qu’est partie votre volonté de vous engager et d’engager la société civile face aux catastrophes naturelles ?
Gaël Musquet : Tout à fait ! Alors j’ai été victime d’un ouragan, enfant, en 89. J’ai pas été traumatisé par cet épisode-là parce que mes parents avaient tout prévu. Prévention !
Le journaliste : Déjà !
Gaël Musquet : Déjà, tout à fait ! Mon père est banquier donc il avait prévu… On était assurés. Il nous a comptés à la fin. On a aidé nos voisins. On a fui notre maison pour aller justement se réfugier d’une part chez nos voisins et les aider à consolider la leur. Euh… Et j’ai eu un deuxième déclic. C’est 2010, le séisme en Haïti. Je commençais à contribuer au projet OpenStreetMap, projet de cartographie libre et ça m’a permis en fait pour la première fois de mettre à disposition mes compétences scientifiques et techniques à disposition d’une cause humanitaire, d’une cause humaine.