RFI – Chronique Sciences du 6 septembre 2015 « Les laboratoires du Musée de l’Homme «
Agnès Rougier :
Paul Verdu est anthropologue et il collectionne l’ADN des individus.
Paul Verdu :
On rentre dans la pièce d’extraction de l’ADN. Quand on revient du terrain, avec des échantillons de salive, de sang humain de gens qui existent ou des crottes ou des urines, on revient ici, dans cette pièce spécifique, qui est équipée, comme vous voyez, de postes de sécurité microbiologiques. Eh bien, on extrait de ces échantillons biologiques l’ADN qui est notre objet d’étude ensuite.
Agnès Rougier :
Tout ça ira nourrir votre grande base de données ?
Paul Verdu :
Tout à fait. Tout ça va nourrir une grande base de données. Alors, c’est une base de données de recherche, elle n’est pas accessible à tout le monde, de façon à protéger les informations des individus qui nous donnent leurs échantillons. Mais ça nous permet surtout de reconstruire la diversité génétique humaine.
Et, à partir de ça, de reconstruire l’histoire des origines humaines, des migrations humaines, depuis l’émergence d’Homo sapiens il y a deux cent mille ans, pour comprendre pourquoi est-ce qu’on a la diversité génétique qu’on observe aujourd’hui dans toutes les populations du monde.
Agnès Rougier :
Mais pister les lignées humaines repose aussi sur des éléments archéologiques. Matthieu Lebon, préhistorien, et spécialiste des environnements.
Matthieu Lebon :
En fait, le matériel archéologique qu’on trouve, c’est un matériel qui est en très très faible quantité. Et on a besoin d’optimiser l’information qu’on obtient de ces échantillons. Ça peut être des outils lithiques, ça peut être des ossements, des ossements d’animaux, des ossements même de micro-mammifères. Ça peut être
également, eh bien, des minéraux, par exemple des pigments archéologiques qui ont pu être trouvés. Voilà, il y a toute une série de matériaux qu’on analyse ici au laboratoire. Et donc, pour cela, on utilise différentes méthodes de caractérisation, qui peuvent provenir du domaine de la géologie : l’analyse du sédiment, savoir comment le site s’est mis en place. On peut étudier des restes de végétaux, par exemple les pollens qu’on peut retrouver pour reconstituer l’environnement autour du site. Et puis, à une échelle plus globale, on peut essayer de s’intéresser à reconstituer non pas l’environnement autour du site, mais le paysage à plus grande échelle, pour essayer de voir comment ce paysage s’est modifié au cours du temps. Et ça, ça nécessite d’utiliser des disciplines qui proviennent de la géographie, de la géologie, de la biologie, et coupler un peu toutes ces approches.