Santé /

Décrire un dispositif médical

B2

Avec ce reportage, découvrez un atelier thérapeutique à Amiens dédié aux patients souffrant d’obésité. L’expérimentation GPS Obésité y est présentée comme un dispositif innovant pour améliorer le parcours de soin. Vos étudiant(e)s pourront ainsi identifier et décrire une action de santé concrète.


Domaine : Santé /

Niveau : B2 /

Préparation au DFP : Oui

Durée : 1h30

Savoir-faire langagier(s) : Décrire un accompagnement médical. Décrire des difficultés

Outils langagiers : Lexique de la santé. Structure pour décrire des problèmes. Structures pour décrire le fonctionnement du suivi médical. Voix active et passive.

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Transcription de l'audio

RFI – Accents d’Europe du 01/01/2025, « Lutter contre la malbouffe et ses méfaits » / de 5’14 à 10’01

Lise Verbeke : À Amiens, dans les locaux du pôle de prévention et d’éducation du patient, un atelier va démarrer. Autour de la table, huit patients qui souffrent d’obésité, l’atelier a pour thème « Les fins pour apprendre à reconnaître les signes de la faim ».

– Intervenante (Infirmière) : On va commencer par se présenter. Pour les personnes qui ne me connaissent pas, donc moi je suis Rose-Noël Villongas, et je suis l’infirmière.

– Intervenant (psychologue) : Alors, bonjour à tout le monde, moi c’est Alexandre Lemonnier, le psychologue ici du pôle de prévention.

– Lise Verbeke : En Picardie, il y a huit pôles de ce type, créés il y a vingt ans, ces lieux constituent un réseau régional unique et précurseur en France. Des infirmiers, des psychologues, des diététiciens, accompagnent des patients souffrant d’obésité pendant 6 mois, un an, voire plus ; le tout financé par la sécurité sociale. C’est le deuxième atelier que les patients suivent et, pour certains comme Sabrina un cheminement s’est enclenché.

– Patiente (Sabrina) : Quand je suis rentrée à la maison, j’ai demandé à mon mari de planquer la balance, donc parce que c’était une compulsion aussi, je me pesais cinq fois par jour. Ouais du coup manger devenait plus un plaisir quoi. Et là j’ai perdu trois kilos en un mois juste en me disant qu’il faut que je mange en conscience. Je fais quand même attention à ce que je mange, quoi, je ne vais pas m’avachir comme je faisais avant, c’est-à-dire, les gâteaux apéritifs, le saucisson, se sentir super mal, jusqu’à avoir limite envie de vomir quoi, et aller se coucher comme ça avec la culpabilité, la frustration que ça entraîne …

– Lise Verbeke : Pour l’infirmière qui anime ces ateliers, l’alliance thérapeutique avec le patient est essentielle

– Intervenante (Infirmière) : C’est un patient qui est douloureux dans tous les sens du terme, on va dire, et qui n’est pas toujours compris ou écouté, et c’est vrai que l’alliance thérapeutique ça va permettre au patient d’être en confiance.

– Patient : Vous voyez ce cercle vicieux, finalement, enfin, c’est je sais que ce n’est pas bien, je sais qu’il ne faudrait pas, je sais qu’il faudrait que je mange des radis quand j’ai faim, etc., on sait très bien que quand on a faim on ne va pas manger des radis …

Intervenant (psychologue) : On voit que dans l’obésité, ou dans le surpoids, il y a beaucoup de personnes dans leur histoire qui ont des antécédents soit de carences, soit malheureusement de sévices, que ça soit au niveau moral, au niveau physique ou malheureusement aussi des violences sexuelles, et l’idée en tout cas c’est pour ces personnes-là de pouvoir les accompagner à moyen/long terme.

– Lise Verbeke : Mais dans ce pôle de prévention, les places sont limitées. Alors, pour faire face à l’augmentation de l’obésité en France, une expérimentation a été lancée dans trois régions en 2021. L’expérimentation s’appelle GPS Obésité, pour repérer, guider et orienter les patients. Pendant deux ans, ils sont suivis par une équipe pluridisciplinaire : diététiciens, psychologues, kiné, professeurs de sport adapté. C’est pris en charge par l’Assurance Maladie. Et au départ du dispositif pour toucher le maximum de personnes malades, il y a le médecin traitant qui a un rôle central. Yann Barran fait partie du programme GPS Obésité il a reçu une formation spéciale car aborder la question de l’obésité avec ses patients n’est pas si simple et peut nécessiter une remise en question.

– Yann Barran : Pour l’anecdote, quand j’ai succédé à mon prédécesseur, il pesait tous les patients, j’avais pris ce même pli de faire monter tout le monde sur la balance, toujours systématiquement et en me disant je suis un bon médecin puisque que je mesure la tension, puis je les pèse tous et toutes, et un jour sur les réseaux sociaux je voyais des échanges à propos justement de la grossophobie et du poids abordé par les soignants. Et donc à partir de là j’ai pris l’habitude simplement de dire aux patients : « Est-ce que vous souhaitez vous peser ? », mais alors là j’ai eu un festival de réponses auxquelles je ne m’attendais pas, puisqu’il y a

plein de patients chez qui je pensais que ça n’aurait posé aucun souci et qui ont pu aborder le problème du poids quand je leur ai posé la question de cette façon-là. Il y a des patients et des patientes qui m’ont dit « Bah non je ne souhaite pas », et qui y sont allés finalement mais qui abordent le sujet.

– Lise Verbeke : Le médecin suit sept patients sur la centaine que compte le dispositif GPS Obésité dans les Hauts-de-France, et le fait de pouvoir leur proposer, clés en main, un accompagnement avec différents professionnels est indispensable.

– Yann Barran : Nous qui sommes en face du patient avec ses demandes qui sont parfois inappropriées ou inadaptées, on rame un peu il faut qu’on trouve les correspondants vers qui les orienter ; avec le système de soin actuel et l’accès aux soins trouver un rendez-vous avec un endocrinologue ou un spécialiste, ça peut prendre du temps. Les psychologues, c’est coûteux, nous on a un secteur où il y a de la précarité en plus, donc ça complexifie les choses. L’activité physique, il faut trouver les correspondants. Tout ça c’est hyper difficile, et GPS-O c’est pas la baguette magique mais c’est vraiment la solution qu’on voit et quand on en parle d’ailleurs aux patients qui souhaitent un changement ou qui souhaitent quelque chose, ils sont ravis d’apprendre que ça ça existe et de pouvoir essayer ».

– Lise Verbeke : L’expérimentation GPS Obésité va durer encore deux ans dans les Hauts-de-France, en région Centre-Val de Loire et en Île-de-France, et elle a vocation à être généralisée dans tout le pays.

 

 

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