RFI – 7 milliards de voisins du 28 mars 2017, : « Hôtels en Afrique : nouveaux clients, nouvelles ambitions ? », extrait 32’25’’ à 35’21’’
Colette Kacoutie : Nous sommes dans le quartier de Cocody, qui est le quartier résidentiel d’Abidjan, qui a gardé toute sa verdure, contrairement à d’autres quartiers du sud d’Abidjan. Cet hôtel, donc, est né de la volonté de faire revivre un lieu d’enfance que j’ai hérité de mes parents.
Et la particularité a été de vraiment vouloir conserver la verdure. Parce que dans nos pays, sous nos tropiques, malheureusement, le béton prend le pas sur la verdure. Et les gens comprennent pas, ils se disent : avec tout ce jardin, mais tu peux faire des immeubles, et, enfin, tu peux gagner beaucoup d’argent !
Je le sais, mais ma motivation est tellement décalée… C’est un hôtel-jardin, et c’est ça que je veux mettre en avant. Je respecte la clientèle et je veux que cet hôtel soit prisé par les personnes qui sont amateurs de nature, de verdure, et de beauté et de bien-être.
Vous êtes accueilli par un bassin d’eau. Ensuite, vous avez bien sûr le béton et puis le bois. Le bois qui entoure chacune des chambres et des terrasses des chambres. Un mélange, vraiment de design moderne…
Emmanuelle Bastide : Et très personnel, en même temps. On n’est pas dans le stéréotype des hôtels de chaîne.
Colette Kacoutie : Non, absolument pas. C’est vraiment… on essaie de faire ressortir le caractère de chaque chambre. Là, nous sommes dans la salle de bain, qui donne sur la terrasse privative, hein, avec une baie vitrée. Et la petite particularité que les clients aiment bien, c’est le toit ouvrant au-dessus de la…
Emmanuelle Bastide : Au-dessus de la douche, c’est une vitre. Donc, on voit le ciel, les arbres.
Colette Kacoutie : Et donc, on peut prendre sa douche sous les étoiles.
Emmanuelle Bastide : Abidjan, c’est vraiment une ville où il y a pas beaucoup d’hôtels, ils coutent très cher, et ils appartiennent tous à des grandes chaînes.
Colette Kacoutie : C’est pour ça que nous, on a voulu offrir quelque chose de vraiment différent, de décalé par rapport à ça. Et on s’est rendu compte qu’il y avait vraiment une clientèle à la recherche de ça. La preuve, c’est que depuis que j’ai ouvert l’Hôtel Particulier il y a quatre ans, il y a d’autres maisons qui se créent dans cet esprit-là, parce que les gens ont bien compris que c’était un marché à prendre. Et la clientèle nous signifie bien qu’elle est contente d’éviter le grand hôtel classique. Ce n’est ni un hôtel, ni une maison d’hôtes, une maison avec des services hôteliers de qualité, c’est quelque chose qui va beaucoup se développer, qui est à la portée, peut-être, du plus grand nombre.
Emmanuelle Bastide : Qu’est-ce qui manque, à votre avis, dans l’hôtellerie, globalement en Afrique ?
Colette Kacoutie : C’est le côté un peu typique. On s’imagine qu’il faut faire des hôtels comme en Europe. Donc, on a de très beaux réceptifs hôteliers, mais nous sommes quand même dans un environnement. Le Maroc, par exemple, réussit ça très bien. Vous rentrez dans un hôtel au Maroc, que ce soit un Sofitel ou autre, vous savez que vous êtes au Maroc. Donc, c’est ça, c’est ce côté vraiment chaleureux, étudié, et vraiment cohérent avec l’environnement africain. Mais, quand il s’agit du service, on n’est plus maison, on est hôtel. Et le client est très exigent : autant il est charmé par le fait que ce soit une maison, il aime bien bien l’histoire et tout, autant il sera impitoyable sur le service. Donc, nous sommes obligés d’avoir des personnes très très bien formées. C’est vrai qu’aujourd’hui, si on veut être opérationnel, efficace, on va pas forcément prendre quelqu’un qui sort d’une école d’hôtellerie, parce qu’ils sont pas forcément très très opérationnels, et ça manque en termes de formation, on a vraiment des lacunes.