RFI – 7 milliards de voisins du 2 octobre 2017, « Pourquoi les métiers de la cuisine font-ils autant rêver ? », extrait 10’07’’ à 12’30’’ et 13’38” à 14’56 »
Voix-off-présentatrice : Et tout de suite, reportage. Le lycée Belliard, dans le nord de Paris, forme depuis les années 1960 aux métiers de l’hôtellerie et de la restauration. Notre reporter Philippine Le Bret s’y est rendue un soir de travaux pratiques pour les élèves de Terminale. Chaque semaine ils cuisinent pour les clients du restaurant du lycée comme de vrais professionnels. Au menu, ce soir-là, feuilleté aux escargots et escalope de veau. Vous allez l’entendre rissoler. En cuisine, les élèves s’affairent sous le regard attentif de leur professeur.
Cuisinier-professeur : Le côté en premier à colorer c’est le côté qui a été quadrillé, c’est le côté présentation. D’accord ? Alors on fait attention parce que la chapelure elle a tendance à brûler facilement. Donc on va laisser colorer doucement. Et une fois que ça va être coloré sur la deuxième face, on remettra sur plaque et on finira au four au moment du service. Donc moitié huile, moitié beurre clarifié. Si vous mettez du beurre cru, le beurre il risque de brûler plus facilement, alors que le beurre clarifié, logiquement, il va dorer.
Judith : Je m’appelle Judith. Je suis en terminale Bac-cuisine.
Philippine Le Bret : Ça fait combien de temps que tu as commencé à te former en cuisine ?
Judith : Trois ans, mais j’avais fait un stage en troisième, pour savoir si je pourrais faire ce travail plus tard. Et j’avais vraiment aimé ce que j’avais fait, donc, euh, je me suis dit « Ben, on y va ! ».
Philippine Le Bret : C’était quoi comme stage ?
Judith : C’est… un traiteur qui envoie pour les réceptions. Et j’ai adoré ce que j’ai fait. J’ai fait des crêpes, j’ai fait des choux, et, euh, ça m’a fait beaucoup envie en regardant les gens travailler. Parce que, enfin, l’ambiance de la cuisine c’est une ambiance familiale, et ils rigolaient ensemble, mais ils travaillaient, en même temps ils étaient sérieux. Et on peut goûter aussi ce qu’on fait. Ça c’est un petit plus ! Enfin c’est comme si je cuisinais à la maison, sauf que, là c’est un peu plus professionnel. La première question, c’était : « Est-ce que tu es prête pour les horaires. Tu seras capable de finir à 22h, 23h, est-ce que t’es prête à ça ? Les horaires, ils m’ont un peu plombé le moral, et, euh, j’ai hésité à continuer, enfin, à faire cuisine. Et puis après mes parents, ils m’ont dit que j’avais le niveau pour faire ça et puis j’étais vraiment déterminée, donc, techniquement, c’est pas l’horaire qui devrait m’empêcher de faire ça, vu que j’ai vraiment envie de faire ça. J’ai envie de réussir mon restaurant, vraiment.
Cuisinier-professeur : Là-dedans, Dina, tu me donnes un petit coup de mixeur, en faisant attention. Tu le penches bien pour pas que ça éclabousse tout le monde.
Voix-off-présentatrice : Alors là, on passe au service.
[« Chaud, chaud devant, chaud devant. C’est chaud, chaud devant, chaud devant ! »]
Oumar : Je m’appelle Oumar, j’ai dix-huit ans.
Philippine Le Bret : Ça fait combien de temps que tu étudies la cuisine ?
Oumar : Là, aujourd’hui, ça va faire, euh, quatre ans. C’est à cause de ma mère. En fait, j’aimais bien la voir faire à manger. Ça m’a donné envie de faire les mêmes plats qu’elle.
Philippine Le Bret : Mais tu connaissais la cuisine professionnelle avant de commencer la
formation ?
Oumar : Non, je connaissais pas. Juste regardé quelques émissions, genre Top chef, Le Meilleur pâtissier… Franchement, ça donne envie.
Philippine Le Bret : Mais est-ce que les émissions ça te prépare bien à la réalité de ce que c’est le métier ?
Oumar : En ça, euh, ouais. Quand on voit comment ils sont sévères les chefs, ça se passe comme ça dans certaines entreprises. Avec les chefs qui sont bien sévères, pour bien que les plats ils sortent vite. Moi ce qui m’a surpris c’est que ça travaille quand même beaucoup. C’est un métier qui fatigue. Moi je pensais que c’était un métier, euh, tranquille, où ça envoyait les plats. Dès le jour de mon premier stage j’ai direct compris que c’était pas ça en fait.
Philippine Le Bret : Qu’est-ce qui s’est passé le premier jour ?
Oumar : Tout le monde était à fond. Tout le monde envoyait vite les plats. Ils perdaient pas de temps, ça parlait pas. Et c’était du sérieux, quoi.
Philippine Le Bret : T’as toujours envie, aujourd’hui, de faire carrière dans la cuisine…
Oumar : Oui, bien sûr ! C’est un métier où on rencontre des nouvelles personnes. En plus ça nous apprend à faire des bons plats, ce qui sert toujours dans la vie.
Philippine Le Bret : A qui est-ce que tu fais des bons plats ?
Oumar : Ben pour la maman.
Philippine Le Bret : Elle est fière de toi ?
Oumar : Oui, elle est fière.