Publié le 19 juin 2017
Paru le 1/05/2017
« Les enjeux liés à la place du français et de la francophonie dans le monde apparaissent importants voire essentiels pour la politique internationale de la France et pour ses échanges économiques. »
Le livre de Roger Pilhion et Marie-Laure Poletti dresse un état des lieux de la langue française et de la francophonie, présente les acteurs et les enjeux, plaide pour une réorganisation et un renforcement des politiques publiques et esquisse des stratégies de remobilisation pragmatiques et concrètes pour promouvoir le français.
Les auteurs ont mis leur carrière et leur engagement au service du français que ce soit à travers la formation et l’enseignement qu’à travers la politique linguistique. Roger Pilhion, ancien collaborateur au Ministère des Affaires Étrangères et directeur adjoint du CIEP, est actuellement administrateur de la Mission Laïque française de l’Alliance Française de Paris Île-de-France. Marie-Laure Poletti, après avoir enseigné au Québec et en France, a été responsable du BELC puis du CIEP, et a réalisé de nombreuses missions de formations et d’expertises à l’étranger.
C’est donc à travers un regard nourri par l’expérience du français linguistique et politique que nous sommes guidés à travers huit chapitres qui présentent la situation actuelle du français dans le monde.
Le français est successivement abordé en tant que langue parlée par des locuteurs de plus en plus nombreux dans le monde entier, en tant que langue d’enseignement, langue utilisée dans les organisations internationales et enfin en tant que vecteur d’influence, enjeu politique, économique et culturel.
Tous ces paramètres font du français un réel atout de la France dans la mondialisation. Cet atout prend corps dans le réseau d’Alliances Françaises, les ambassades, représentations permanentes mais aussi les professeurs de français langue étrangère.
L’avenir du français en tant que langue de communication internationale est intrinsèquement lié au rôle des pouvoirs publics dans le développement et la diffusion du français. Les auteurs s’attachent notamment à définir des priorités géographiques telles que l’Europe, l’Afrique et le monde arabe.
Des moyens d’actions concrets sont aussi analysés pour faire de la promotion du français une véritable priorité politique.
Ainsi, ce n’est pas un bilan consternant ni alarmiste qui est réalisé. Au contraire , des exemples de bonnes pratiques déjà mises en place pour promouvoir la langue française et la francophonie sont répertoriées. Sont notamment cités : des programmes de mobilité, la labellisation des établissements scolaires à l’étranger, des sections bilingues francophones ou encore des classes d’immersion. En particulier, les certifications en langue française sont étudiées :
« Sous l’effet de la mondialisation, la mobilité des personnes a connu une forte croissance qui entraîne un besoin accru de reconnaissance des acquis linguistiques en langue étrangère. Cette situation a entraîné une véritable explosion du marché des certifications en langues et les plus demandées sont celles qui bénéficient d’une reconnaissance internationale, du fait de leur large diffusion. »
Dans ce secteur, la langue française arrive en deuxième position, juste après l’anglais, avec près de 591 000 certifications en 2015. Les auteurs rappellent que ces diplômes et tests sont gérés essentiellement par deux établissements : le Centre International d’Études Pédagogiques (CIEP) et Le français des affaires de la CCI Paris Île-de-France.
Les annexes richement documentés présentent ensuite, chiffres et dates-clés à l’appui, les acteurs principaux du français et de la francophonie en France et dans le monde. De la francophonie institutionnelle aux acteurs du plurilinguisme en passant par les acteurs publics français de la politique du français, c’est un panel large et complet qui est présenté. À cette occasion, les auteurs n’hésitent pas à revenir dans les détails de l’historique du français des affaires au gré des créations de diplômes et de certifications.
Enfin, comme le souligne Jean-David Levitte, Ambassadeur de France et membre de l’académie des sciences morales et politiques, dans la Préface : « Ce n’est pas un énième témoignage militant, contrairement à ce que son titre pourrait laisser croire. ».
Nous retiendrons de cet ouvrage la volonté des auteurs de faire du pluralisme linguistique et de la diversité culturelle les fondements de la politique de soutien à la langue française dans le monde.